Lionel Bayol-Thémines – Matérialité et Spatialité

Lionel Bayol-Thémines – Matérialité et Spatialité

Episode 2
56:09

À propos de ce podcast:

Lionel Bayol-Thémines est un photographe et vidéaste contemporain qui explore le monde de nos données algorithmiques. Il en extrait de nouvelles représentations où les problèmes écologiques rencontrent l’actualité des problématiques géo politiques. Il crée de nouvelles spatialités, entre abstraction et poésie, faisant de ces objets esthétiques de nouvelles matérialités entre objets politiques et images de nouvelles zones critiques… alors quels liens entretiennent matérialité et spatialité ?

Site web de l’artiste : http://www.bayolthemines.fr

Beyond the time © Lionel Bayol-Thémines Flying Land © Lionel Bayol-Thémines Low space oddity, Milky way simulation © Lionel Bayol-Thémines Water Rising simulation Mérignac des mondes possibles © Lionel Bayol-Thémines High-Land Artothèque de Caen. Lionel Bayol-Thémines Data landscape Google as a medium - Cities + blind zone Google as a medium - Blind zone © Lionel Bayol Thémines After Nadar occupation des sols Partie 1
( Mission Photographique du Grand Est, Festival Urbi&orbi Sedan juin 2021)
After Nadar, occupation des sols © Lionel Bayol Thémines Silent Mutation, Lowland © Lionel Bayol Thémines After Nadar /drone et modélisation 3D Reims
(Mission Photographique du Grand Est, Festival Urbi&orbi Sedan juin 2021)
After Nadar / Empreinte 3D de la canopée de Strasbourg
(Mission Photographique du Grand Est, Festival Urbi&orbi Sedan juin 2021)
After Nadar / Google earth
(Mission Photographique du Grand Est, Festival Urbi&orbi Sedan juin 2021)

Quelques pistes pour aller plus loin …

Cornellius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, éd. Le Seuil, 1975.
Vilém Flusser, Pour une philosophie de la photographie, trad, J.Mouchard, éd. Circé, 1996.
Vilém Flusser, Les gestes, éd. D’Arts, 1999.
Joan Fontcuberta, (dir), Réels, Fictions, Virtuel, R.I.P, éd. Actes Sud,1996.
Marc Lénot, Jouer contre les appareils, éd. Photosynthèses, 2017.
Marschall Mc Luhan, Pour comprendre les média, trad, J.Paré, éd. Mame/Seuil, 1968

Chapitrage

01:00
Présentation
03:14
Arts et sciences : qu’est ce qu’une image ? Supplementary Elements : Low Space Oddity
8:28
Etendues et spatialités : L’entre-deux photographique : High Land - Waters Rising
20:45
Matérialité –cartographie – flux de diffusion – géo-politique : Datalandscape – Google as a medium
30:23
Artiste - Archéologue - Sismographe - Anthropologue fictionnel.
36:24
Prismes du paysage - Objets quasi politiques – Flux Scape
42:50
Nouvelle topographie de l’imaginaire – After Nadar
48:14
Photographiable – Programme – Gestes – Espace de liberté -(Flusser)
51:18
Comment regarde t-on? (Képler) - Silent Mutation
55:53
Fin

Extraits:

M.D
Intérêt pour les relations qu’entretiennent les arts et les sciences …pour certaines collaborations avec des centres de recherche scientifique … semble de plus en plus nourrir votre travail artistique et photographique… Commandes, recherches, projets qui s’articulent avec des laboratoires scientifiques, avec des organismes qui sont en lien étroit avec ce qui touche au domaine spatial – spatialités, spatial  (Supplémentary Elements- Projet « Low Space Oddity »)
L –B-Th :
Intérêt de travailler avec les laboratoires c’est d’avoir accès à des outils spécifiques... qui interrogent « qu’est ce qu’une image ? »  Regarder la vraisemblance des images. Le langage est une forme de la matérialité des images numériques. Comment des algorithmes peuvent re-fabriquer une image originelle ? [c’est] un espace de réflexion et de discussion avec les scientifiques Confronter des images justes, scientifiques à des images qui convoquent autre chose. Comment on peut regarder un territoire de manière aérienne ?
M.D
Attitude de chercheur captivé par les étendues aussi bien célestes que terrestres, nous permet déjà de réfléchir à ce que l’on peut entendre entre matérialité et spatialité. Images numériques … que vous vous autorisez à agencer en tableau, en diptyque, en frise… (Waters Rising,), en leporello (High Land) La photographie sort de ses « gons » ou de son cadre … démonstration d’une matérialité particulière de l’image photographique travaillée dans toute sa plasticité, sa spatialité…
L –B-Th :
Le questionnement autour de la matérialité (fin années 80) était liée à la surface de l’image…  Pour moi, [le questionnement non sur la matérialité] mais sur l’entre-deux photographique, est arrivé avec le numérique. Quand j’ai commencé à travailler avec les images numériques, les logiciels, les algorithmes, la captation… s’est posée la question de ces images qui étaient du langage, du code – une autre question de matérialité. Le système 3D dans photoshop fait des erreurs (quand il n’est pas fait pour ce qu’on lui propose) Question sur la véracité des images. Notion du point de vue dans la question du paysage… Montrer la modification des territoires.. Fabriquer une montagne que l’on ne peut jamais saisir d’un seul endroit, comme si on avait une prise de vue photogrammétrique… Pour pouvoir donner toujours une représentation…Google earth mélange des images de datations différentes. On peut s’apercevoir de datations différentes des images … par la plasticité des images qui correspond à la définition de chaque satellite… çà interroge la problématique du régime de ces images et de leur matérialité.
M.D
Les nouvelles technologies numériques comme matériaux même de vos images et comme lieux de questionnements de plus en plus sociaux-politiques si ce n’est critique. Vous travaillez à partir d’archives du net, de programmes de prises de vues, de codages, d’algorithmes, … comme tout ce qui organise notre vie.. devenait votre « terrain de jeu ». Projet Datalandscape dont les pièces ont comme titre Google as a médium Est- ce que le médium qu’est google, est aussi un message ?
L –B-Th :
Je ne vais plus faire de la photographie « traditionnelle » mais je vais me servir de la capture d’écran. Quand je déclenche, je fais ma composition sauf que l’outil de captation a changé… Google a été un espace créatif nouveau…ma pratique s’est trouvée élargie. Le logiciel a toujours une forme « sans échec »… il faut toujours qu’il nous propose une image… même si ce qu’on lui demande ne correspond à rien… Alors j’ai traqué dans cet espace… cela faisait des formes graphiques … après quelques mois…certaines avaient disparu…on se trouve dans un espace vivant, qui est un espace de documentation du monde. Traverser une ville en traversant les bâtiments et avec son « mode sans échec », Google Earth est obligé…. de combler les trous avec ce qu’il imagine… Arrive la problématique de la géo-politique Cartographie… Est ce que l’on peut définir un espace par ses icones ?   Travail qui interroge la matérialité des images, le flux de diffusion, du régime des images… des problématiques qui sont dans nos actualités géo-politiques.
M.D
Artiste qui est en prise aujourd’hui avec cette dite économie des images, mais aussi chez vous avec ce que l’on pourrait appeler un écosystème des images… Artiste – archéologue et/ou artiste – sismographe des « bruits de l’univers »  en référence aux bruits numériques, à tout ce qui perturbe le connu, le nommable…
L –B-Th :
Quelles traces laisse l’intelligence humaine qui construit ces espaces de manière technologique et celle des utilisateurs ? Documenter une représentation du monde. Je suis un anthropologue fictionnel…je vais essayer de fabriquer un questionnement… très en lien avec une actualité des hommes. Je parle du rapport que nous avons à notre environnement… je ne suis plus obligé de nous représenter dedans. Reconstruire des imaginaires et des poétiques tout en interrogeant ces problématiques de spatialité et de matérialité.
M.D
Restez vous un photographe ?… vous ne regardez plus le monde à travers un objectif, mais à partir du langage… ce langage algorithmique qui gère, organise et oriente nos savoirs… Images [qui]deviennent des objets quasi-politiques (Flux Scape) : cartographies de partition…, de séparation, d’actes politiques..
L –B-Th :
Je ne représente pas les hommes mais je voulais que l’on regarde leur parcours (migratoire) par le prisme du paysage… c’est fait comme une vue satellitaire… c’est comme un scan. Comment l’Intelligence Artificielle choisit-elle la représentation ? Problématique politique et problème du régime de ces images.
M.D
Vos images (After Nadar) sont-elles de nouvelles topographies imaginaires ? imaginaire que le philosophe Cornelius Castoriadis voyait comme condition d’autonomie d’une société …
L –B-Th :
Je regarde les technologies, je vais y prendre des choses, et je vais construire des mondes qui vont réfléchir à ces choses-là. Il est important à la fois d’avoir des œuvres plastiques qui ont une véritable existence et de faire des tentatives de spatialisation des objets photographiques, mais que ces choses là interrogent des choses..
M.D
Penser face à vos images… à certains théoriciens des médias… à certains philosophes … à un essayiste Vilem Flusser qui a mis en avant la notion du photographiable, à propos du programme
L –B-Th :
Lire Les gestes de Flusser, est un espace de liberté.
M.D
Vous réactivez (Silent Mutation) quelque part cette question qui a passionné tout chercheur autour des phénomènes de vision : je pense ici à l’astronome allemand du 17°, Johannes Kepler, qui distinguait les choses vues à l’œil nu de celles vues à travers un instrument optique…
L –B-Th :
J’interroge toutes les manières non pas de voir mais de regarder comment nous on peut recevoir des messages, des images. J’ouvre des portes où les gens peuvent rentrer et se les approprier mais par des prismes différents …

Auteur:

Auteure :
Michelle Debat

Critique d’art, membre de l’AICA - France, professeur des universités, théoricienne de la photographie et de l’art contemporain. Elle a notamment publié son autoportrait théorique en photographie et art contemporain, La photographie : essai pour un art indisciplinable. éd. PUV. 2020.

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Série de conversations entre une théoricienne de l’art et un.e artiste contemporain.e


Des podcasts entre livre audio et essai critique

Des conversations entre une théoricienne de l’art et un.e artiste contemporain.e

Des questions, des réflexions, des contradictions… à propos ce qui se fait, de ce qui se montre, de ce qui s’entend et se dit, dans l’art d’aujourd’hui

Des œuvres actuelles d’ici et d’ ailleurs

Bref,

De la voix, du langage, des images… et de la pensée

Tout ce qui accompagne des acte(s) d’art(s) Pour le plus grand nombre de curieux

Michelle Debat – professeur des universités et critique d’art AICA https://epha.univ-paris8.fr


Avec le soutien du laboratoire de recherche AI-AC (Arts des images - Art contemporain) de l’université de Paris 8

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